Faux-ami : « baches ».
Quand, sur une route argentine, vous voyez un panneau rouge avec l’inscription « Peligro baches » ça ne veut pas dire que les employés de la DDE du coin ont recouvert la route de baches pour la protéger des intempéries : ça veut juste dire « Attention nids de poule ». En général le panneau est judicieusement placé soit 10 kilomètres avant les nids de poule en question, soit 17 milimètres après. Donc, soit vous avez roulé 10 bornes à deux à l’heure pour rien, et vous vous êtes fait doubler par une petite vingtaines de semi-remorques et d’autobus bien énervés, qui eux roulent à fond la caisse quelle que soit la signalisation, soit vous tombez directement dans le trou et vous entendez successivement blong – splotch – hé – blong (dans l’ordre : le train avant du camping-car, les enfants qui retrouvent scotchés au plafond, les enfants qui grondent le conducteur, le train arrière).
Nous voici donc le 20 juillet 2009, vers 14h30. Le bout de la famille qui ne roupille pas sec dans le camping-car entonne : « trois » … « deux » … « un » … « mille » ! Nous avons fait notre premier millier de kilomètres en Amérique ! J’ai relevé le compteur du tampicar à la sortie du port, il indiquait 7265 … et nous venons bien – et déjà – de passer à 8265. Comme les lecteurs de ce blog peuvent le constater, mes extraordinaires capacités intellectuelles ne sont toujours altérées par l’abus de viande rouge, d’empanadas, de jus de malbec fermenté, et de confiture de lait. Trop bien.
Et pour couronner le tout, nous avons passé avec succès nos deux premiers contrôles de police. Nous n’en menions pas large, compte tenu de certains compte rendu d’autres voyageurs. Test des lumières de frein, vérification de l’extincteur, des triangles, du 90 et des bandes rouges (que nous avons du rajouter ici à l’arrière de notre camping-car), des papiers du baudchon et du tampicar, questions sur d’où nous venons et où nous allons (oui, j’ai réussi à expliquer tout ça … bon d’accord, le monsieur souriait un peu en m’écoutant – après tout, peut-être lui ai-je communiqué par inadvertance une nouvelle recette de nouilles aux empanadas)… tout est en règle. Et le tout, avec le sourire et dans une ambiance très courtoise… j’espère qu’ils seront tous comme ça !
Sur le bord de la route, ce sont désormais les grands espaces, avec des gauchos à cheval qui se déplacent seuls où qui déplacent des troupeaux de quelques dizaines de vaches. Dépaysant, hors du temps, et, lorsque nos regards se croisent à l’occasion d’un ralentissement, toujours un petit geste de salut réciproque. Génial ! Nous changeons vraiment de monde.
Nous voici donc roulant vers le nord de l’Argentine à Mercedes, Corrientes : pas un réseau wifi à proximité du tampicar, et pourtant nous sommes garés comme d’habitude sur la place principale de la ville. Plus nous avançons, plus les routes sont médiocres et l’internet rare. Et impossible de trouver le moindre bar qui sert aussi du wifi, comme lors de nos étapes précédentes… je parviens quand même lendemain, lors du rafraichissement express et quotidien de notre tampicar (essence / eau / vidange des eaux noires dans les « banos » de la station)
Ici, il y a beaucoup de raisons de se réveiller au milieu de la nuit en camping-car (même si personnellement je dors mieux ici que chez moi !) : une horde de mobylettes qui passent en pétaradant à fond la caisse (les dos d’ânes semblent être ici des accessoires de voltige pour tout ce qui fait un maximum de bruit avec un moteur, mais pas des ralentisseurs), des voitures qui passent lentement et s’arrêtent même à hauteur de notre camping-car, histoire de contempler notre engin et du même coup nous font bénéficier de leur musique techno envoyée à fond à travers des enceintes qui doivent faire, au vu du bruit généré, le diamètre d’une soucoupe volante – et le plus drôle, c’est quand l’un d’entre eux nous envoie une rafale d’infra-basses donc les fan de tuning semble raffoler… le tout, de 21 heures à 4 heures du matin… et à cinq heures, c’est la circulation matinale qui prend le relai. Comme nous le disait un couple d’allemand à Buenos Aires : « But when do argentinans sleep ? » Pour l’instant toutefois, nous préférons dormir sur des places un minimum fréquentées, à proximité de la police entre autres. Et ça ne dérange pas les enfants pour faire des nuits de 10 ou 12 heures !
Une fois le repas de midi terminé, nous partirons vers la réserve naturelle Esteros del Ibera où nous comptons passer quelques jours. Au menu pour y arriver : 120 kilomètres de piste ! Et il pleut. 🙂 Promis, si je m’embourbe, je remets mon tee-shirt jaune.
PS. Ce blog étant parti pour être complètement déstructuré, je posterai sans aucun état d’âmes vis à vis de la netiquette deux autres posts un peu plus tard sur Buenos Aires et sur San Antonio de Areco, que j’antidaterai joyeusement… mais je me suis dis que vous préfèreriez avoir tout de suite des nouvelles fraiches de vos baluchons préférés !

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