Le chiffre nous paraît énorme, et pourtant nous l’avons fait : 11 111 kilomètres sur le bitume et la poussière du continent américain (en fait, plus de 13000 à l’heure où j’écris ces lignes). J’avais lamentablement loupé les 10 000 kilomètres, que nous avons passés dans les embouteillages de Santa Cruz … mais la photo prise ci-dessus, peu après le kilomètre 11 111 et autour de 4000 mètres d’altitude, ce 1er octobre 2009, vaut bien le coup d’avoir attendu, non ?
Et ceci nous paraît d’autant plus considérable qu’il nous semble que nous venons à peine de commencer. Certes, lorsque nous cherchons à faire le point sur ce que nous avons vu et, dans cette multitude, ce que nous avons préféré, les discussions sont déjà longues … et les choix difficiles !
La Bolivie, c’est une superficie de deux fois la France pour 9 millions et demi d’habitants répartis en 36 ethnies (40 % Quechua, 20 % Ayamara, 20 % d’origine européenne ou asiatique, le reste d’autres ethnies indiennes)… c’est peu de chose que de dire que les kilomètres défilent mais ne se ressemblent pas. En quelques jours, nous sommes passés des plaine de l’Est de la Bolivie, où se mêlent la fin des paysages que nous traversions depuis la fin du Brésil – la Pantanal, le cerrado – et le début des forêts amazoniennes, sous une chaleur tropicale, et les contreforts des Andes, en traversant au passage et dare-dare le Chaparé – le controversé territoire des planteurs de coca -, l’altiplano puis les Andes elles-mêmes … et les transitions sont absolument saisissantes ! Aux indiens chasseurs et cultivateurs ont succédé les silhouettes si typiques de l’Altiplano – bonnet, cuadra jeté sur les épaules en guise de baluchon – tiens ! -, longues et épaisses tresses noires pour les femmes -, les magnifiques et innombrables oiseaux des plaines ont laissé la place aux lamas et aux atypiques vigognes – une sorte de croisement sauvage entre biches et lamas -, et la terre rouge littéralement dévorée par l’épaisse végétation des tropiques a laissé la place aux immenses paysages désertiques et pourtant si colorés des Andes.

Pourtant, pour cette étape assez spéciale, je voulais avant tout répondre un peu en vrac à certaines questions posées ici et là, sur les commentaires du blog et sur mon mail (auquel vous pouvez toujours nous écrire, si les commentaires sur le blog vous rebutent : christian (arobase) baudchon (point) com ou valerie (arobase) baudchon (point) com ). Tout d’abord, chers lecteurs et commentateurs, prolifiques ou non, proches ou moins proches, que nous connaissions et que nous n’avons rencontrés que par l’intermédiaire de ce fantastique outil : la première chose que nous faisons lorsque nous arrivons dans une ville, un village, un hameau, un troupeau de lama … est de chercher un point wifi. Et si point de point wifi, nous cherchons un cybercafé (très abondants de ce côté-ci de la planète) – expérience humaine fort enrichissante, il faudra que je vous en touche un mot un de ces quatre, qui me fait jongler sur des claviers sans accents (naturellement) et la plupart du temps aux lettres retaggées au tipex, coincé au milieu de troupeaux d’ados qui s’éclatent sur des jeux en réseau en s’interpellant à travers des musiques diverses et variées. Même Chloé est devenue experte en recherche de points Internet, comme en points d’eau d’ailleurs : elle nous a parfois débusqué des points d’approvisionnements dans ces deux ressources vitales, avant même que nous autres ayons réagi. Et, lorsque enfin nous avons Internet (en moyenne, avec une forte dispersion, tous les trois ou quatre jours), la toute première chose que nous faisons, avant de lire nos mails, vérifier nos comptes en banque, fouiner dans les forums à la recherche de solutions à nos divers problèmes de cartographie ou de fonctionnement de notre tampicar, la toute première chose, donc, c’est systématiquement de regarder les commentaires de notre cher blog. Même les enfants nous demandent, parfois même un peu inquiets, si il y a eu de nouvelles réactions à notre voyage.
Alors, tout simplement, à tous : merci, infiniment merci !
Et surtout, continuez !
Votre assiduité fait désormais partie des multiples moteurs de notre voyage ; vous êtes résolument aux côtés de ces paysages magnifiques, ces rencontres heureuses, ces sourires et ces visages étonnés d’inconnus qui jalonnent en permanence notre parcours … et pour ceux qui me connaissent, je n’en fait pas trop : l’équipage Baudchon-Baluchon est unanime.
Pour le reste, et malgré les apparences, nous regardons nos mails, même si il ne nous est pas toujours facile d’y répondre immédiatement – nous traitons en priorité la logistique courante, qu’il faut bien faire avancer et il nous est parfois un peu plus difficile de répondre aux autres, que nous gardons sous le coude en espérant pouvoir y consacrer un peu de temps plus tard. Mais de ce côté-ci aussi, nous lisons tout, et les nouvelles nous font bien plaisir aussi de ce côté là !
Certains curieux nous demandent aussi si nous nous tenons au courant de l’actualité française. Réponse : non ! Ce n’est absolument pas délibéré, mais nous n’avons pas mis la main sur des journaux français suffisamment frais depuis un moment – notre dernière tentative remonte à l’alliance française de Sucre, et mon pauvre Le Point emprunté à l’avion qui nous avait transbahuté à Buenos Aires il y a trois mois était plus récent. Le hasard fait que, en attendant le téléchargement de scans de livres scolaires pour Hugo, je suis allé du côté de la page d’accueil du monde.fr et que je me suis retrouvé dans les démêlés de Frédéric Mitterrand avec l’actualité… d’où j’ai conclu que, premièrement, heureusement que Nicolas Sarkozy a plus de cheveux que moi sinon il serait chauve depuis belle lurette (ceux qui répondront en disant que je suis déjà chauve sont exclus d’avance du blog 🙂 ) et que secondement la gauche doit avoir trouvé un sacré projet d’avenir pour en être à s’occuper de ce type de sujet ! Bref, l’actualité française est probablement remplie de sujets qui me tiendraient à coeur, mais le voyage avec un V majuscule et notre modeste actualité l’emportent largement…
Et bien plus sérieusement, je suis allé il y a deux semaines consulter le classement du championnat de foot (discipline dans laquelle je suis aussi pointu que l’électricien bolivien qui nous avait soi disant réparé l’alarme du frein à main en électricité automobile – heureusement que Pascal d’Iveco à Bordeaux continue de chercher par mail interposé à nous aider !). Bordeaux premier, Lyon derrière, PSG entre la 5e et la 50e place : parfait. Je reste ici. Et celui qui me dirait que, depuis lors, Bordeaux aurait soit disant pris 3 buts à Saint-Etienne, et que Lyon serait soit disant premier, et que le PSG aurait soi-disant un classement à un chiffre serait très certainement un fieffé menteur. Tiens, ça me fait penser qu’il va falloir être créatif : il semblerait que je doive aussi prendre en charge l’Education Physique et Sportive de mes enfants, dans le cadre de leur année hors cadre scolaire – et non hors cadre éducatif, confusion qu’ils ont probablement interprétée lorsque nous leur avons annoncé le voyage et le fait qu’il n’iraient pas à l’école … vous aurez sur ce sujet d’ici quelques temps un montage vidéo qui vaudra la pause travail que vous vous accordez certainement en cyber-zieutant nos aventures.
Mais je m’égare ! Certains nous demandent aussi comment il se fait que sur nos photos, il ne semble pas y avoir grand monde. Tout d’abord, nous avons fait notre parcours de façon à être le plus souvent possible hors saison touristique – mais pas toujours, évidemment. Ensuite, la liberté incroyable que nous confère le camping-car nous permet, aux points critiques, d’éviter les week-ends, voire les horaires à foule. Et enfin, cette même liberté nous permet aussi de voyager à contre courant, et d’aller dans des coins où les tours-opérateurs ne vont pas systématiquement…Et pour ce qui est des photos, la patience et les essais multiples (vive le numérique : plus de 6000 clichés depuis Buenos Aires !) font le reste.
Et aujourd’hui 9 octobre 2009 est un jour spécial : nous sommes à Uyuni, aux portes du Salar du même nom. Ainsi, demain, à l’aube, nous foulerons de nos petits pneus et de nos grands pieds la plus grande étendue de sel du monde – à peu près deux fois la surface d’un de nos départements français. Pour les jours qui suivent, et le Sud Lipez, nous avons longuement hésité entre différents choix, plus ou moins risqués mais aussi plus ou moins sauvages … Et comme il parait que c’est encore plus beau et spectaculaire que ce que nous avons vu jusque à présent – dixit d’autres voyageurs, dont certains d’entre vous -, nous avons finalement choisi d’y aller, malgré de nombreux atermoiements. En effet, beaucoup nous ont formellement déconseillé de nous y rendre à la fois seuls et en camping-car – nos guides de voyage en parlent même comme une des régions les plus sauvages du monde – sauvage mais tout de même traversée régulièrement par des 4×4 bardés de touristes, comme nous. Mais, d’un autre côté, nous savons qu’une famille (les Tsagalos, lors de leur tour du monde en 2004) a déjà réussi à traverser cette région avec un véhicule à peu près identique au nôtre. Et finalement, en discutant cet après-midi avec une responsable du parc « Edouardo Avaroa », qui ceint la plus belle partie de la zone en question, nous avons mis au point une solution qui, je l’espère, sera la bonne – ne pas passer à côté d’une des plus belles régions du continent américain, tout en arrivant au bout : nous partons demain à l’aube sur le Salar, seuls et en prenant notre temps, puis nous retournons sur la ville d’Uyuni dimanche matin . Là, à 7h30, nous embarquons Gabriel, un des rangers du parc qui doit se rendre dans la journée de lundi à peu près aux deux tiers de notre itinéraire, sur la Laguna Colorada… et naturellement, il connaît les embûches du parcours et sera très utile en cas de gros pépin (et en contre partie, il fera le voyage dans des conditions certainement meilleures que celles qui lui était réservées initialement : voiture, puis moto…)
Et pour la suite de la route, qui nous mènera au Chili, après un total de 500 kilomètres de pistes apparemment assez mauvaises, il nous donnera les indications nécessaires. En gros, pour ce coup ci : pensez à nous, souhaitez nous bonne chance … nous pourrions en avoir besoin ! Alors, peu importe si nous mettons le cap sur nos 20 000 ou nos 22 222 kilomètres : avant tout, c’est l’estomac un peu noué par ces prochaines étapes, certes bien prometteuses, que je vous donne rendez-vous d’ici une petite semaine, de l’autre côté de la frontière de l’extraordinaire Bolivie !
Article écrit le 9 octobre 2009 à 16 heures, à Uyuni, Bolivie, 27° dans le camping-car, 22° à l’extérieur, altitude 3684 m, coordonnées GPS S 20°27’46.8″ W066°49’27.7″(eh oui … après 3 mois, nous avons craqué : nous avons acheté un GPS-altimètre, compte tenu des vastes étendues désertiques que nous nous apprêtons à sillonner, ça pourra peut-être aider, même si nous n’avons ni carte GPS ni points GPS pour le Sud Lipez…). La connection Internet rend impossible l’upload des photos, ce sera pour plus tard…


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