Argentine, Glacier du Périto Moreno, 25 Décembre 2009, 8 heures 30 : Chloé, se hissant dans la capucine où nous dormons encore, nous annonce, toute émerveillée, que le Père Noël a trouvé le tampicar et qu’elle a découvert plein de cadeaux au pied du sapin – un rachitique arbre artificiel de 25 centimètres de haut ! Elle nous certifie qu’elle l’a même entendu arriver avec son traineau…Ouf, nous sommes tous rassurés car nous avions quelques doutes…
Une fois n’est pas coutume, le Père Noël a été raisonnable, il a bien compris que nous n’avions pas beaucoup de place dans le véhicule et ce sera donc un couteau-suisse (très local !) pour notre tailleur de bâton Hugo, un lecteur MP3 pour notre musicienne Léna et un cheval et sa poupée Barbie pour notre petite princesse Chloé…

l’Argentine à lui tout seul !
Mais revenons un peu au glacier où nous sommes arrivés l’avant veille, de nuit pour éviter de payer le droit d’entrée du parc (on le sait, ce n’est pas très glorieux mais on en a un peu assez de payer en permanence deux à quatre fois plus cher que les locaux, simplement parce que l’on est étiquetés ETRANGERS). Ce soir là, du glacier, nous n’en avons entendu que ses impressionnants et sinistres craquements, tout en bivouaquant sur le parking qui lui fait face, mais nous nous sommes amplement rattrapés le lendemain, le 24 décembre, puisque nous avons passé la journée à guetter les célèbres bruits de cette immense mer de glace bleutée, depuis les innombrables passerelles, tout en cherchant le meilleur emplacement pour observer et écouter les chutes fracassantes d’énormes morceaux de glace dans l’eau laiteuse du lago argentino. C’est un spectacle vraiment inoubliable !
Nous n’en avons évidemment pas pour autant oublié de nous préparer un petit festin de réveillon avec, entre autre, du saumon fumé – de Patagonie – du filet de boeuf – argentin – accompagné d’un petit gratin dauphinois bien de chez nous (vive le petit four que nous avons dans le tampicar !), des crêpes à la Dulce de Leche (préparées par Léna) et des roses des sables au chocolat (concoctées par Hugo) le tout arrosé d’un bon Malbec argentin pour les adultes et d’un tout aussi exquis Fanta international pour les enfants… Pour une fois, nous sommes bien loin de notre famille, alors … pas question de se laisser abattre !
Avant ce magnifique spectacle, et depuis que le 16 décembre 2009 nous avons quitté la Terre de Feu sous son magnifique et interminable coucher de soleil, nous avons tout d’abord fait un arrêt dans la zone franche de Punta Arenas, autrement dit la zone commerciale, un brin surpeuplée à une semaine de Noël, le temps pour nous de refaire le plein de disques durs, d’un nouvel ordinateur (le précédent ayant subi la maladresse humide et acide de Léna – voir post de la descente de la Patagonie), et bien sûr de quelques inévitables achats propices à cette période de l’année, pendant que les enfants restaient enfermés dans le camping-car, ravis d’avoir – pour une fois – des dessins animés à volonté…

Puis après un passage éclair à Puerto Natales, ville où les touristes sont aussi nombreux que les magasins de chaussures de montagne, nous avons pris la piste pour le Parc Torres Del Paine, réputé pour être l’un des plus beaux d’Amérique du sud : Le paysage est devenu très verdoyant – ce qui nous change de la steppe patagone – parsemé de nombreux lacs d’un vert surréaliste. Malheureusement, en arrivant au Parc, après avoir rapidement aperçu les Torres, de gigantesques piliers granitiques, le temps devient maussade, pluie et vent sont de la partie … Un ranger, venu nous renseigner sur la météo des jours suivant – pas fameuse – nous avoue que les prévisions ici ne sont pas très fiables et que la météo change vite ! Nous voilà bien rassurés… Effectivement le lendemain, nous pouvons quand même faire, malgré le fort vent, une balade au bord du Lago Grey sur lequel nous observons, émerveillés, nos premiers icebergs bleutés : magnifiques ! Nous passons les deux jours suivants dans le parc, l’un enfermé dans le tampicar secoué par des rafales de vent violentes (notre première vraie journée de pluie en presque six mois !), la suivante à faire une petite randonnée sympa pour voir des cascades et s’approcher des Torres. On se promet avec Christian de revenir un jour dans ce parc pour effectuer le W (une randonnée de plusieurs jours qu’il est impossible à faire avec notre petite Chloé et ses petites jambes…et à condition que je sois devenue plus sportive !).
Nous regrettons un peu de ne pas pouvoir rester plus longtemps mais Noël approche et nous sommes à court de vivres et d’eau ; nous reprenons alors la direction du nord, repassons à nouveau en Argentine (c’est un passage obligé car il n’y a aucune route qui relie le nord du Chili à sa pointe sud, le sud étant parsemé d’une multitude de petits îlots montagneux et de glaciers que l’on ne peut traverser qu’en bateau de croisière, moyennant un porte-monnaie très bien garni…) en direction de la ville d’El Calafate, un gros bourg bordé de chalets suisses et qui vit essentiellement de l’afflux des nombreux touristes argentés venus admirer, comme nous, le glacier Perito Moreno pour Noël …
C’est donc bien rassasiés et satisfaits par nos dernières étapes, tant par le parc Torres Del Paine au Chili que par le glacier Perito Moreno en Argentine que nous nous motivons pour la suite du voyage et cette fameuse ruta 40 – une piste plutôt – dont on entend parler par tous les voyageurs, en bien comme en mal, et qui permet de remonter toute l’Argentine !… Après deux jours et 400 kms de cette piste caillouteuse et monotone (note du mari : elle exagère un peu, pourtant ce n’est pas son style 🙂 : il y a de très beaux passages, mais essayez donc de faire 400 kilomètres à 20 kilomètres heures de moyenne sur une piste cahoteuse et poussiéreuse … expérience enrichissante qui vous apprend d’une part à conduire dans un environnement à la fois monotone et hostile, et d’autre part à tolérer les sautes d’humeur des enfants qui eux, dès le kilomètres 8, n’en peuvent plus !), nous atteignons enfin le site que nous tenions absolument à visiter, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, la fameuse « Cueva de Los Manos ».

Il s’agit d’une grotte où, 8000 ans auparavant, des centaines d’hommes ont décalqué le contour de leur main en soufflant à l’aide de sarbacanes – en fait, des os – différents pigments colorés – pêle mêle : terre, fleurs, urine, pierres concassés, sang, etc. Le site, surplombant un profond canyon verdoyant où paissent des vaches autour d’une rivière, et la lumière rasante de cette fin d’après midi, en font un moment magique pour nous cinq et c’est encore tout émus par ce lieu que nous repartons le lendemain – après avoir bivouaqué en haut du canyon -, pour nos derniers 130 kms de ruta 40. Nous avons, en effet, décidé de repasser une fois de plus côté chilien pour faire un bout de la carretera australe (oeuvre de Pinochet qui voulait désenclaver cette partie sauvage de son pays), une piste réputée pour être, certes difficile et isolée, mais magnifique … La tentation est trop forte ! En attendant, nous retrouvons avec bonheur une cinquantaine de kilomètres de bitume jusqu’à Los Antiguos, au bord du lago Buenos Aires, le deuxième plus grand lac d’Amérique du sud (après Titicaca) : la spécialité de cette petite ville est la cerise (et ici c’est la bonne époque !), nous nous en gavons littéralement et faisons aussi le plein de diverses confitures et liqueurs artisanales dans une des « chacra » qui sont une spécialité locale – en l’occurrence, une toute petite propriété de six hectares que nous fait visiter le fils de la maison, étudiant en mathématiques (!) dans la région de La Pampa et qui passe ses vacances scolaires, tout comme sa soeur, à recevoir les touristes dans la propriété familiale.
Puis direction la frontière chilienne, toute proche, où une fois de plus le camping- car est fouillé pour le débarrasser de tous les produits suspects (viande, fruits, légumes et miel). Qu’à cela ne tienne, pour ne pas perdre nos quelques provisions, nous improvisons un déjeuner végétarien sous le nez des douaniers patibulaires. Et c’est par une piste assez étroite au bord du lac, longue de 130 kilomètres, parfois à flanc de falaise, avec en toile de fond la somptueuse Cordillère des Andes encore enneigée, que nous rejoignons la fameuse route australe. Nous y sommes accueillis par quantité de trous, ça on s’y attendait, mais aussi par une multitude de lupins multicolores et de rosiers sauvages.

Et, alors que tout en roulant vers le nord, nous peinons à repérer un lieu de bivouac, le bord du lac étant truffé de résidences privées grillagées inaccessibles, nous tombons sur nos amis Yan et Annabelle et leurs deux filles Lise et Léïa rencontrés à Valdès (de leur petit nom les Smitous), qui eux font route vers le sud et viennent juste de trouver exactement le même bivouac ! Ni une, ni deux, nous décidons de passer le Nouvel An ensemble ! C’est ainsi que se termine l’année 2009 pour les Smitou et les Baudchon-Baluchon, autour d’un barbecue sur lequel grille du saumon sauvage, tout juste déniché dans une petite épicerie aux étagères incroyablement bien rangées qui me rappelle celle de ma Grand-mère, pendant que les enfants s’occupent avec leurs amies à tailler des bâtons, à faire des bouquets de lupins et … à échanger la denrée rare que sont devenus les livres ! Deux jours après, le 2 janvier 2010, nous retrouvons le goudron et la civilisation en atteignant Coihaique … mais c’est déjà une autre histoire !
Le Perito Moreno (Argentine) :
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Le parc Torres del Paine (Chili) :
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Cueva de las manos et un petit peu de Ruta 40 :
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Carretera Autrale et nouvel an :
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Article écrit le 10 janvier 2010 au pied du volcan Villarica, près de Pucon (Chili), 20 degrés, beau temps puis pluie à fond les manettes ! ouf …


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